Les Semences

LES SEMENCES

Quelle belle première leçon, nous donne la nature, en enfermant dans des fleurs, des pommes de pin, la quintessence du programme de la vie !
Les graines se disséminent avec mille stratégies, loin, à des kilomètres, par le vent, les animaux… et dans un sommeil parfois séculaire. Elles sont capables de s’implanter, se développer dans les milieux les plus improbables. Depuis des millions d’années…

La petite forme des graines est trompeuse, tant elles renferment d’énormes secrets, de gigantesques programmes énergétiques, capables de faire germer la vie, à partir de la taille d’une poussière, celle de l’ongle d’un enfant, d’un humain.
Les graines donnent naissance aux plantules, sous l’impulsion de la lumière, du soleil, de l’eau, de la lune…pour devenir des plantes des milliers de fois plus grandes.
A la source de la vie, les semences deviennent pour nous des plantes comestibles, des fruits, des légumes frais ou secs, des céréales… et finalement elles sont les auteurs de chacun de nos jours…

Qu’est-ce qu’une graine ?

La graine est issue de la reproduction sexuée des plantes. Elle est issue de l’hérédité de leur extrême diversité génétique. Georges Mendel (1822 -1884), dans ses travaux (dont je vous rédigerai un article plus tard), nous révélait quelques principes au travers de des lois qui portent, depuis, son nom.
La semences est le fruit de la fécondation de l’ovule contenue dans la fleur, par le pollen apporté par le vent, les insectes « dit » alors pollinisateur etc…La graine se forme donc grâce à cette fécondation et la présence d’éléments nutritifs préservés dans l’organe femelle.

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C’est la graine qui contient toutes les informations utiles à la croissance de la plantule. Celle-ci se développera dans de bonnes conditions, grâce à l’adaptation de ses « parents », à leurs conditions pédoclimatiques, leur climat, leur environnement etc…Patrimoine de survie transmis à la génération suivante. Pour autant, les individus nés d’une telle transmission seront tous différents, de part un brassage génétique complexe, que la science des hommes commence tout juste à deviner…

Une forte résistance aux éléments, avant la germination.

Les graines ont une capacité à résister aux hostilités particulièrement coriaces. Leur enveloppe très dure, le péricarpe, dissuade les prédateurs avides de leur concentré de nutriments. Le poivre des oiseaux, par exemple, est connu pour avoir traversé leur système digestif sans être endommagé…Et cela arrive aussi avec d’autres animaux, autant d’opportunités pour pouvoir servir de milieu, riche en azote et autres nutriments, à la plantule que la graine promet à la croissance.
L’absence d’eau pour une graine contribue aussi à sa résistance aux températures les plus froides, les plus chaudes…En outre, la graine peut être recouverte de substances antifongiques, antibiotiques, pour résister aux attaques des bactéries pathogènes, ou des champignons, dans les premiers instants de la vie de la plante en devenir.

La Germination de la graine est liée à la présence d’acide abscissique. En grande quantité, cet acide inhibe la germination, mais quand vient l’heure, d’autres hormones, le plus souvent la gibbérelline, mais parfois l’auxine ou la cytokinine, contrecarrent son rôle anti germinatif. Ces dernières hydrolysent la coque de la graine.
Ainsi la germination peut être favorisée ou empêchée par ce dernier caractère mécanique, dû à son enveloppe, mais on peut remarquer aussi l’intervention d’autres paramètres comme la chaleur, l’humidité, les caractéristiques propres de la variété…
Le Jardinier n’observera donc pas les mêmes résultats lorsqu’il sème des graines de différentes provenances, et on observe des taux de germination très variables, certaines variétés parfaitement sélectionnées peuvent dépasser un taux de germination supérieur à 90%.

Suite à la germination la radicule s’enfonce dans la terre et la Gemmule déploie ses feuilles dans les airs pour démarrer la photosynthèse et le métabolisme solaire dont nos plantes ont le savoir-faire.

Quelques exceptions…

Les plantes ne se multiplient pas seulement grâce à des graines, même si c’est l’objet principal de mon article. En effet la multiplication végétative, sous terre, à fleur de terre, est le phénomène de croissance végétative et d’enracinement qu’une plante est capable de développer de manière tentaculaire : on distingue les rhizomes du bambou, ceux qui produisent des tubercules, les stolons du fraisier, par exemple, les bulbes ou les bulbilles, les drageons…capacité végétative que nous, jardiniers, utilisons lorsque nous réalisons des boutures à la fin de l’automne…
Parfois les plantes ne produisent pas de graines, mais des spores légères et volatiles. C’est le cas des mousses, ou même la précieuse prêle dont la silice renforce nos purins naturels…

Les plantes à graines apparaissent pendant le Carbonifère il y a environ 350 millions d’année, les gymnospermes donnent alors naissance aux conifères. Ces derniers renferment les graines dans de très épaisses pommes de pin, capables de garder longtemps en dormance les graines jusqu’à ce que les conditions lui soient favorables.

Les plantes à feuilles, à fleurs, apparaissent au Cétacé, il y a environ 150 millions d’années, les Angiospermes, qui deviendront sur terre dominants, jusqu’à nos jours. Ce sont leurs fruits qui protègent la graine, nourrissent la jeune plantule.

Physiologie de la Graine :

La Graine renferme dans son endosperme suffisamment de nutriments, à l’origine du goût, de vitamines, de lipides, glucides, protéines nécessaire à la pousse de la plantule. C’est pour cette raison que le jardinier peut utiliser des terreaux parfois pauvres mais capables de retenir l’eau et soutenir la croissance de la plante. La graine a tout ce qu’il faut pour démarrer la pousse, mais il lui manque en effet cruellement de l’eau comme nous l’avons vu plus haut.

Grain

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Certaines graines contiennent seulement une cavité pleine de réserve, l’albumen pour les monocotylédones (ail, poireau, maïs…) ; d’autres deux, les Dicotylédones (tomates, poivrons, haricots, aubergines, piments, courges…). Ces réserves sont distillées aux cellules grâce à des enzymes et nourriront donc tantôt une première tige ou bien deux feuilles à la naissance.

Germination d'un grain de haricot

Germination d’un grain de haricotDictionnaire Visuel – Copyright © 2005-2016 – Tous droits réservés.

La conservation des graines

Les graines ont une longévité qui dépend de l’espèce, la variété. Elles peuvent durer très peu de temps, c’est le cas des graines riches en lipides qui s‘oxydent, comme la noix, le colza ; ou plusieurs années lorsque la teneur en glucide est forte, comme pour la graine du blé par exemple. La longévité peut être beaucoup plus longue encore lorsque le péricarpe, est très dur, étanche à l’air, à l’eau… (Certaines légumineuses). Nos potagères ont une durée de vie latente allant jusque 4 ans la plupart du temps.
Il est possible de conserver des graines dans un récipient, un bocal, un sac hermétique, au frais, au sec, à l’abri de la lumière, pour les semer plus tard, mais aussi pour les échanger.
Une année avant le semis du jardinier, pourquoi pas les déposer au bas d’un réfrigérateur pour prolonger la dormance de la graine et simuler un hiver prolongé ?. A sa sortie la graine aura un réveil plus franc et comprendra clairement ses nouvelles conditions printanières. J’obtiens de bons résultats de germination en procédant ainsi.

Différents types de fruits :

La graine est contenue dans différents types de fruits, en fonction notamment du nombre d’ovules contenus dans les carpelles. Les Carpelles contiennent l’ovaire, surmonté par le style, cette forme allongée au terme de laquelle la fleur offre son stigmate pour recueillir le pollen.
Ainsi les ovules forment la graine et l’ovaire forme le fruit qui contient donc une seule ou plusieurs ovules inséminés. La nature nous offre donc une multitude de formes de fruits : drupes, baies, akène, capsules, glomérules, amendes, noyaux… ont des fonctions qui se ressemblent mais se distinguent pourtant. Ainsi la graine de la cerise est contenue dans le noyau, mais n’est pas le noyau lui-même !…La Framboise est un ensemble de mini drupes qui contiennent chacune les pépins (petits noyaux)…Les petit pois est une graine mais ce n’est pas le cas de la noisette dont on mange la graine contenue dans la coque…Le grain de blé est un caryopse et une partie du fruit…
Autant de dénomination qui décrivent les particularités très diverses des fruits, qui contiennent des graines, et dont il faut retenir principalement la grande diversité et les innombrables adaptations stratégiques de survie qu’ont adopté les espèces végétales.

 

Un enjeu Géopolitique

La graine est aussi devenue un enjeu de survie et d’indépendance pour les populations humaines. Depuis la nuit des temps les paysans du monde entier cultivent et se transmettent les graines, potagères, graine de fruitiers… pour pérenniser leur survie. A l’origine de toutes les sélections génétiques, l’homme a commencé par inventer la sélection massale. Cette dernière, opérée manuellement, consiste à sélectionner les graines issues de fruits aux meilleures caractéristiques pour l’homme : acclimatation, goût, productivité, résistances…Et à force de sélectionner ses meilleurs sujets, les paysans obtiennent des variétés très stables à partir de la 8ème année ; bien que cette sélection se distingue aussi par la grande variété de chacun des sujets !…On parle de culture de population par opposition à celles, qui de nous jours, privilégient des clones aux caractéristiques exactement identiques, et donc, si pauvres génétiquement.
Ces dernières ont été créées par les semenciers pour des raisons commerciales, puisque le secteur a quadruplé son chiffre d’affaires en 25 ans, pour atteindre aujourd’hui environs 30 milliards de chiffre d’affaires au niveau mondial. Des variétés ont, en effet, été croisées entre elles pour sélectionner leurs caractéristiques dominantes. Ce faisant, dès la deuxième génération, ces semences appelées hybrides F1 (de première génération) laissent se révéler des caractéristiques récessives indésirables, par la suite… Cette méthode permet au semencier de rendre dépendant les agriculteurs des semences qu’ils commercialisent pour qu’ils soient garantis d’obtenir les caractéristiques de départ. Cette méthodologie a directement inspirée la création de graines OGM, génétiquement modifiée, permettant au semencier de prétendre alors à un brevet sur la vie, afin de rendre hors la loi toute personne les utilisant sans leurs royalties…
Ainsi, les semenciers produisent ils des graines obligeant l’agriculteur à une dépendance commerciale. Mais un cran a encore été franchi : celui d’imposer des lois étatiques pour les rendre obligatoires. C’est pourquoi, le catalogue du GNIS en France (Groupement National Interprofessionnel des semences et plants), référence-t-il les semences autorisées à la vente, rendant les semences paysannes transmises de générations en générations interdites…C’est également pourquoi, certains « puissants » ont réfléchi à la privatisation des semences pour l’avenir en créant la banque mondiale privée : les semences du Svalbard. Ainsi Là où nous constatons, parfois impuissants, à des enjeux commerciaux, force est de constater qu’ailleurs l’enjeu est purement alimentaire, puisque de l’obtention des semences libres dépend la survie de paysans de plus en plus touchés par la famine dans le monde …Quand bien même sont-ils les « artisans » de notre nourriture.
C’est pourquoi la graine est devenue un enjeu politique, de souveraineté alimentaire pour les peuples et même un enjeu de survie pour l’espèce humaine.

Conclusion

Comprendre et diffuser les semences c’est donc rendre hommage à la vie et remettre l’homme à sa place devant tant le génie vital, des semences, qui nous dépasse.
D’une gratitude passive, d’une sélection de masse, de populations diverses de graines, l’homme s’est mis à vouloir maîtriser la nature, par-dessus les enjeux capitaux de sa propre survie. La biodiversité animale a perdu près de 50% de sa richesse en 50 ans, il en est pire pour la préservation des variétés de plantes, de variétés fruitières et potagères qui composent notre alimentation.
L’homme perd alors des chances de survie, des vitamines et oligo-éléments constitutifs pour sa santé. Et pourtant, il dépense aujourd’hui une énergie folle pour compenser cette raréfaction et se guérir des maladies. Entre autre incohérences nous devons aussi guérir nos plantes nourricières de leur propres pathologies par l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, pour compenser la pauvreté génétique que l’homme a lui-même fait perdre à ses plantes domestiquées… Il devient évident que l’intelligence des graines n’a rien à envier à celle de l’humain !…
C’est pourquoi, produire, conserver et échanger des graines devient une nécessité pour l’humanité dans nos fermes Agroécologiques, mais aussi un acte de résistance citoyen.

Antonio Ferreira, AAE TH 2015,
Disponible pour plus d’information au : 0607232821
Ou Ferme du Cœur de La Double lieudit la ronze 24490 La Roche Chalais